Pourquoi soutenir les aidants (?)
L’aide apportée par un aidant familial est triple :
1/ l’aidant familial apporte un soutien logistique, au minimum une supervision des différents professionnels qui interviennent auprès de la personne aidée. Pour des raisons financières, certains aidants familiaux sont amenés à occuper une véritable fonction d’auxiliaire de vie auprès de ceux dont ils s’occupent.
2/ l’aidant familial apporte un soutien moral en termes de présence et de réconfort. L’irruption de la maladie et l’incapacité à accomplir un certain nombre d’actes de la vie quotidienne modifie l’équilibre relationnel au sein de la famille et les liens affectifs. Cela peut être très douloureux à vivre et lourd psychologiquement.
3/ l’aidant familial participe parfois aux soins de la personne (toilette, prise des médicaments…) pour des raisons organisationnelles. En effet, à domicile, il ne peut pas y avoir du personnel soignant 24h sur 24. Mais on peut s’interroger sur le bien-fondé de devoir laver son parent ou lui changer sa protection…
OR L’AIDANT FAMILIAL N’EST, PAR DÉFINITION, PAS UN AIDANT PROFESSIONNEL.
Il ne sait pas faire malgré l’amour et la bonne volonté.
Il a donc besoin d’être aidé pour aider efficacement son parent.
Les difficultés principales que rencontrent les aidants
Les aidants sont plongés dans une situation à laquelle ils ne sont pas préparés. Il en résulte assez souvent des difficultés pour eux et pour leur famille proche quand ils en ont une, leurs propres enfants surtout s’ils sont jeunes, et leur conjoint. La place de l’emploi est aussi bousculée entre les emplois demandés à temps partiel ou même les emplois suspendus et la poursuite d’une carrière qui se fait en jonglant avec toutes les contraintes.
Les implications psychologiques de la place d’aidant
Occuper la position d’aidant n’est pas simple, non pas seulement à cause des multiples questions matérielles que cela soulève, mais occuper cette position réveille en effet en chacun d’entre nous des images nombreuses, de tonalités affectives très diverses et toutes mêlées. Comment faire le tri, comment accepter ce que l’on juge inacceptable et qui est pourtant bien présent en nous ? Par exemple tous les sentiments négatifs que l’on peut ressentir vis à vis de la personne que l’on va aider…et tant d’autres questions liées aux histoires des uns et des autres et qui ressurgissent à l’occasion de la fragilisation de la personne aidée.
Cela entraîne forcement des remaniements dans la famille, en termes de lieu, de place, de partage de l’espace. Le temps aussi est transformé, le travail salarié pour les actifs. L’intimité n’est plus la même et la présence d’un tiers peut devenir lourde à la longue.
Les familles conservent un rôle d’aidant même quand le malade est hébergé dans un centre de soin.
« LE SOIGNANT EST UN AIDEUR D’AIDANT »
Le soignant est le plus proche interlocuteur de l’aidant et c’est donc lui qui repère le premier les difficultés dans lesquelles se débat l’aidant. Par sa présence parfois quotidienne, il est le plus proche de l’aidant et peut se « permettre » de le mettre en garde par rapport à une certaine lassitude voire une fatigue trop grande.
Le soignant est un professionnel qui voit les façons de faire de l’aidant, façons pas toujours bien adaptées. Il est donc le mieux placé pour alerter l’aidant et lui proposer de trouver de l’aide.
L’aidant familial n’a pas d’équipe ni de chef de service pour parler des points qui l’embarrassent. Il n’a pas non plus de groupe d’analyse des pratiques professionnelles.
Par contre, il a à sa disposition des groupes de parole, des consultations psychologiques et il faut qu’il utilise ce qui est proposé pour être plus efficace dans son rôle d’aidant sans y « laisser des plumes » !
Michèle Guimelchain-Bonnet